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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/545

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Rien n’a été plus conscient et ordonné que cette effusion du cœur, en apparence si spontanée.

Le mouvement marqué sur les premières esquisses est plus lent que celui des éditions : — quasi adagio. Il répondait mieux au sentiment vrai. Mais l’architecte l’a subordonné au plan d’ensemble, qui ne veut pas rompre avec Yallegro ; il écrit mono allegro, puis ritard. ; et il ne réserve Y adagio que pour les trois accords qui mettent fin à ce court épisode, en prenant souffle, avant le catastrophique écroulement qui va suivre (tempo primo)... C’est Yallegro qui evient, avec un redoublement de ses violences ; et il affirme, à coups de marteau1, l’omnipotent premier motif, qui remplit tout, de son écrasante personnalité. Beethoven a longuement travaillé à la canalisation du torrent qui écume et fait tumulte, à la fin de cette première partie du morceau. Mais les dernières mesures étaient arrêtées sur le papier, dès les premières feuilles de ses notes 1 2, à côté de la première esquisse du second thème. Quand il créa cet allegro, il le tenait, du commencement à la fin, tout entier, dans son poing.

Le combat se poursuit, par la Durchführung en sol mineur. Inlassablement, le motif initial chemine, comme une armée en campagne, tantôt à pas sourds (sempre p.), mais sans arrêt, tantôt avec une force accrue. Cette bataille a marqué ses traces dans les esquisses, où l’on voit Beethoven aux prises avec la matière musicale, qui lui résiste ou lui échappe. 1. Dans les autographes, Beethoven multiplie les sf. et les staccato. 2. Feuille 6.