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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/567

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

une heure de sa vie, que j’appellerai Gœthéenne : la plus proche de la calme maîtrise et de l’ordre classique de son grand modèle, le vieux Apollon de Weimar. Et cette paix dans la lumière, de l’op. 111, est le prix des tourments mêmes qui rident le front de la paix soucieuse, de la paix blessée sur laquelle se clôt la Messe. Un grand artiste se décharge de sa peine dans l’œuvre d’art. Il n’est pas, comme le pense le public, plus accablé après avoir exprimé la tristesse. Il est soulagé et prêt à recevoir la visite de la joie. La création vide l’âme des revenants qui la hantent, et elle l’ouvre à de nouveaux rêves.

Les trois sonates et la Missa Solemnis laissent le champ libre à la Neuvième Symphonie. Elle s’annonce dans les accords d’introduction à l’op. 111...

Mais nous aimons à clore cette grande Epoque Créatrice sur la sagesse de Y Adagio de la dernière Sonate. 11. Quand cet acte de puissance et de sérénité fut achevé, il n’était que temps ! Un nouvel assaut de maladie fondit sur l’homme. — C’est en avril 1823 que parut la sonate op. 111. Une conjonctivite aiguë prit Beethoven, à la fin d’avril. Interdiction absolue de lire et d’écrire. (Lettre inédite, de mai 1823, à Diabelli, publiée dans « Corona », mai 1933).