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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/611

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Follen1, chef de l’organisation secrète qui avait armé le bras de l’exécuteur de Kotzebue, lança, avec Georg Büchner, « Der hessische Landbot ». Il fut jeté au cachot, et acculé au suicide. Büchner émigra à Zürich, où il mourut, à 24 ans. Uhland écrivit un drame d’émigrants : « Ernst von Schwaben », dont le prologue est dédié à tous les bannis. Henri Heine entra dans la lice, avec sa « Vorrede zu den franzôsischen Zustânde ». Et l’on n’allait pas tarder à entendre (vers 1840) la voix tonnante de Karl Marx.

La police de Metternich avait ses listes noires, ses armées d’espions et d’agents provocateurs, qui poursuivaient sans pitié les émigrants, en France, en Angleterre, en Suisse 1 2,

— jusqu’en Afrique. On évalue à 182.000 le nombre des émigrants et des bannis, entre 1830 et 1840. Georg Forster, dans l’étude de qui nous avons puisé largement, fait remarquer l’analogie de ces temps d’oppression avec les sinistres temps présents, en Allemagne Hitlérienne. Qui n’en serait frappé ? 3

Or, c’est précisément en ces années de noire réaction que Beethoven s’entretient avec ses amis, dans les Gasthduse 1. Follen avait réussi à fuir en Amérique, où il mourut en 1840. 2. La Suisse, épeurée, céda plus d’une fois aux menaces, et elle livra des réfugiés.

3. Pour compléter la ressemblance, c’est en 1820 qu’éclata la Révolution d’Espagne, que les puissances de réaction européenne devaient, comme aujourd’hui, combattre par tous les moyens, et finalement écraser, en 1823, grâce aux armées des Bourbons de France, célébrées par >1. de Chateaubriand.