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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/104

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BEETHOVEN

répliquent, en chuchotement comique, avant de reprendre leur jeu. Quel est le mot de la plaisanterie ? On ne sait ; mais on voit Beethoven rire, et on rit.

Le trio du scherzo est un Presto en mi bémol mineur, dont l’homophonie continue constraste avec la polyphonie du scherzo. Ce tourbillon évoque à Vincent d’Indy le presto de la Neuvième Symphonie. Ce n’est pas la seule analogie que l’on puisse relever avec la Neuvième, dans ce quatuor. Nous en avons cueilli au passage une des plus belles, dans la dernière Variation de l’Adagio. Et la plus frappante nous sera fournie par les esquisses du dernier morceau. — Le fougueux entrain du trio tranche sur le ton sceptique du Scherzo et l’assaut réciproque de ses petites flèches décochées. Cette impétuosité mène à la fanfare du milieu du morceau (mes. 201 et suiv.), où, après avoir pris trois fois vigoureusement son élan pour sauter, le premier violon sonne son chant jubilant en majeur. Mais le triomphe est bref, et la fanfare se répète en s’éteignant, comme si le fougueux cortège s’éloignait. Et d’une façon pittoresque, l’interrogation ironique du scherzo reparaît ; le long développement se reproduit intégralement, — jusqu’à et y compris la rentrée du trio. Mais celui-ci s’arrête brusquement, à la douzième mesure. Les quatre instruments semblent s’interroger : — « Allons-nous continuer ?… Mais cela n’aura plus de fin !… » — Le premier violon décide : — « Il faut une fin. » — Et les quatre ensemble mettent le point final.

Le dernier morceau ne porte aucune indication de mouvement. Mais comme nous savons, par un récit du violoniste Boehm, que Beethoven avait écrit, d’abord, sur la Coda : « meno vivace », il s’ensuit donc que le début du finale devait être attaqué avec entrain. Il suffit, au reste de le lire : sa