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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/130

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BEETHOVEN

mineur, et quel large pan du ciel de la vie de Beethoven se reflète en lui. N’en réduisons pas l’étendue ! Et cherchons maintenant, par l’analyse, à lire ces Confessions d’une âme multiple, dont le génie forge, dans l’œuvre d’art, l’unité[1].



Un mot d’oracle, comme dit justement Paul Bekher, une parole sombre et mystérieuse (« ein düsteres sibyllinischer Wort, ein mysticher Orakelspruch »), préside aux destinées des deux quatuors jumeaux 132 et 130, conçus ensemble, enchevêtrés, (numérotés à rebours) ; il est le seuil crépusculaire du premier, et, pour l’autre, la porte royale de sortie.

Le voici. Voici l’énigme, posée par le Sphinx au nouvel Œdipe :

  1. Quelle vigueur dans ce tempérament, au lendemain de la maladie ! C’est le 28 juin 1825 qu’il écrit à son neveu le mot fameux, qu’on dirait du Beethoven « déboulonné » de 1812 :

    — « Unser Zeitalter bedarf kräftige Geister, die diese kleinsüchtigen, heimtückischen elenden Schuften von Menschen Seelen geisseln. »

    (« Notre époque a besoin de puissants esprits, qui fustigent ces maladives, ces méchantes, ces misérables gredines d’âmes humaines. »)

    Il est vrai qu’il y ajoute cette réserve, comme un regret tardif de sa violence :

    — « so sehr sich auch mein Herz einem Menschen wehe zu thun dagegen straübt. »

    (« si fort pourtant que mon cœur se hérisse, à l’idée de faire souffrir un être… »)