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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/147

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LES DERNIERS QUATUORS

Ce chant a-t-il jailli, comme on le penserait, du fond du cœur ? Nullement. Ainsi qu’en tant d’autres circonstances, — et pour les mélodies qui semblent les plus inspirées, — l’esprit conscient de Beethoven s’est fourvoyé d’abord, a tâtonné sans vigueur ; et c’est au cours d’une phrase sans caractère que sa plume, s’arrêtant sur une expression banale, frémit, comme la baguette du sourcier, et fouille à l’endroit que le subconscient a désigné.

Il a écrit (p. 5 du Cahier italien) cette phrase simplette et paisible :

[partition à transcrire]

Rien à y remarquer, que la constante retombée de l’accompagnement sur le do, et l’installation de cette tonalité. Quel secret instinct le fait revenir en arrière sur ce pâle dessin :

[partition à transcrire]

et le lui fait écrire, en tête de la phrase précédente ? Que distingue-t-il en lui ? Il ne le sait pas lui-même. Il le retourne et il l’essaie sous toutes les formes, en modifiant la valeur des notes. Il écrit :

[partition à transcrire]