subir, chaque matin, la vue réfrigérante de sa figure d’enterrement… (car Schindler, lugubre, trouve que Beethoven perd son temps, à ces quatuors incompréhensibles, quand il serait bien plus noble et plus distingué de faire de la grande musique symphonique ou théâtrale…) Mais Beethoven est tout entier pris par sa musique intérieure. Et il s’y livre avidement, dans cés mois d’automne 1825, sans autre consiration que celle de sa propre joie[1], sans même se lier, dans ce quatuor-intermède, à sa tâche habituelle de cyclope acharné à forger des éléments les plus variés l’unité. Mais comme il est un homme absolument sincère, et que cette sincérité se manifestera d’autant plus librement dans cette nouvelle œuvre qu’il n’y impose point une idée, un plan préconçu, — ce quatuor sera, plus qu’aucun autre, l’enregistreur de ses sentiments divers et souvent contradictoires, comme ils se succèdent en ces mois, avec une rapidité déconcertante, souvent du soir au matin, ou même du matin au soir.
Car, d’une part, nous le voyons, en ces mois d’été 1825, d’un entrain fougueux et d’une gaieté débordante, — (on se souvient des galopades par monts et par vaux où il entraîne ses visiteurs, bon gré mal gré, et des joyeux banquets, pour fêter le quatuor nouveau-né (la mineur)[2]. Et c’est, pendant
- ↑ Comme il disait à Rellstab à la fin d’avril : « — Que les autres en pensent ce qu’ils veulent ! Moi, je veux seulement écrire ce qui me fait plaisir à moi-même. Si je suis en bonne santé, tout m’est égal. »
- ↑ Il y aurait beaucoup à conter, dans ces mois où il est débarrassé du contrôle chagrin de Schindler, sur ses facéties et sur ses farces, en compagnie de Holz et du poète Castelli, qui vient lui dévider les nouveaux bons mots et les anecdotes. Castelli avait publié mille proverbes (Sprichwörter gais et gaillards, en distiques ou en quatrains,) qui enchantaient Beethoven, tant qu’il voulait les mettre en canons. — On aurait aussi à.raconter, vers la mi-septembre, la visite de Smart, à
