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BEETHOVEN

populaires chez Beethoven a été, je l’ai dit[1], jusqu’à présent trop superficiellement traitée. Beethoven a montré trop visiblement, par ses nombreuses transcriptions d’airs populaires de toutes nations, l’intérêt qu’il leur témoignait, pour n’en avoir pas eu la mémoire meublée. Le presto du quatuor évoque en moi une danse hongroise ou croate (deux pays qu’il avait eu occasion de connaître et de fréquenter, grâce aux amitiés qui l’y ont attiré : Zmeskall, les Brunsvik, Erdödy).

Peu de pages de Beethoven — surtout de la dernière manière — sont aussi assurées du succès populaire. C’est un chef-d’œuvre d’art et de naturel, de finesse et de spontanéité. — On a beaucoup admiré le passage (ou « pont 5)) du trio au scherzo, et le trait trois fois répété du premier violon, dont la descente précipitée se butte, à chaque fois, contre une résistance et recommence avec un élan redoublé, jusqu’à ce que, l’obstacle franchi, il reprenne le cours du scherzo, plus bondissant. Mais c’est, là encore, un procédé de musiques populaires, qui conservent et cultivent le caractère d’improvisations : (qui ne l’a remarqué dans la musique tzigane ?)

Le bel andante con moto a beaucoup occupé l’esprit de Beethoven. Le dessin initial, d’où tout le reste est sorti, consiste en ces sept notes :

[partition à transcrire]
  1. Voir, au volume précédent, sur la Neuvième Symphonie, la note Appendice no II.