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BEETHOVEN

Après un long travail, apparaît le contre-thème actuel, avec ses enjambées héroïques de dixièmes et de douzièmes :

(Nottebohm, II, p. 6)
[partition à transcrire]

Quel est le sens intime de cette double fugue, en finale du quatuor ? Sans aucun doute, il est de Kraft und Sieg : « Force et Victoire ». Elle tranche sur les ombres et lumières finement mêlées des cinq morceaux précédents, cette belle journée d’automne, douce et incertaine, par l’éclat soudain, presque brutal, de son soleil, l’intensité des ff., des sf., à laquelle elle se maintient pendant des pages, avec un triomphe implacable, et qui est une des causes de la difficulté pour l’auditeur de la suivre sans fatigue. Cette irruption de puissance brute ! On n’y est plus habitué, il est devenu rare de la rencontrer, à ce degré et avec cette continuité, chez le Beethoven apaisé ou résigné de cet âge. Les impérieux accords à l’unisson, qui ouvrent l’œuvre, et qui reprennent en plein jour le ténébreux motif chuchoté au début du quatuor en la mineur, en élargissant l’intervalle ascendant de sixte en septième diminuée, et marquant le pas, par quatre sforzando, au lieu de laisser retomber le motif dans l’ombre, l’achèvent, sur un trille vigoureux, dans la lumière. Beethoven a inscrit, au-dessus de la première mesure : « Overtura ».

Avec une simplicité magistrale, sans un mot de trop, le grand thème s’expose, sous ses quatre aspects principaux : — en colonnes massives, qui soutiennent le portique, — puis, par deux fois, en valeurs plus brèves, sur un rythme bondis-