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BEETHOVEN

sent vaincu, sa phrase n’arrive plus au bout, et se déforme il disparaît dans la mêlée des parties entrecroisées, qui donnent à la fugue, comme si souvent aux développements, chez Beethoven, un caractère de vrai combat. Il se poursuit en divers rythmes et variations, dont je laisse au lecteur de suivre sur la partition les péripéties, — sans qu’à aucun moment le plein de la force cède et que l’intensité diminue.

Le furieux galop enfin s’arrête court, sur un double bond de dixième (si bémol-ré bémol), à deux étages différents sf. point d’orgue, ben tenuto — changement brusque d’armature (6 bémols) et de mouvement (meno mosso e moderato).

Un beau dessin, annoncé en accompagnement dans l’Overtura (introduction), se déroule avec une grâce et une douceur inattendues. Après la tension ininterrompue de la violente première partie, l’impression produite est de rafraîchissement élyséen. Le mot de « Verklärung » revient sous la plume des critiques les plus divers, même de ceux à qui l’ensemble de l’œuvre reste inaccessible ou hostile. C’est l’inspiration tendre, religieuse, apaisée, du vieux Beethoven, que touche le rayon de foi et d’amour du Benedictus et de l’épisode de recueillement, dans la grande fugue de l’op. 106.

[partition à transcrire]

Dessous, se glisse, calmé, attendri, le motif du souci : « Pax vobiscum ! » — Mais beaucoup plus à la Symphonie avec