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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/230

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BEETHOVEN

réintégrer dans la forme Sonate la Fugue, renouvelée par l’esprit nouveau. Il avait dit à Karl Holz :

— « Ce nest pas de l’art, de faire une fugue : j’en ai fait par douzaines, du temps que j’étais à l’école. Mais l’imagination réclame aussi ses droits ; et aujourd’hui, il faut qu’un autre élément, véritablement poétique, entre dans la forme antique. »[1]

Qui veut apprécier équitablement la fugue du quatuor et celle de la sonate, doit les lire dans cet esprit. — et non en les comparant avec la fugue de J. S. Bach : car ce sont deux mondes différents, de nature. Celui de Beethoven ne s’éclaire pleinement que par l’idée poétique qui l’anime. Il y a fait passer son souffle épique.

Mais, à mon sens, ce n’étaient encore là que de grandes expériences. Avec la ténacité qu’on lui connaît, cette « longue patience », qui est la loi (si mal connue) de son génie, il s’acheminait vers l’intégration de la Fugue dans la Symphonie. Et il y a tout lieu de penser (plus d’une note en témoigne) que ce devait être le stade suivant de sa création musicale, — quand, après avoir achevé le cycle de ses derniers quatuors, il se préparait à revenir à la symphonie. — Mais la mort s’y opposa.

  1. « Eine Fuge zu machen isi keine Kunst, ich habe deren zu Dutzenden in meiner Studienzeit gemacht. Aber die Phantasie will auch ihr Recht behaupten, und heut zu Tage muss in die alt hergebrachte Form ein anderes, ein wirklich poetisches Element kommen. »