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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/30

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BEETHOVEN

qui se dérobaient. Longue, lassante et énervante préparation des grandes « Académies » (concerts) de mai 1824, où furent données les premières exécutions publiques de ses deux œuvres monumentales.

Alors seulement, il est tout à fait libre de satisfaire à la commande des trois quatuors (peut-être de six, — qui sait ?) — qu’il a acceptée d’un cœur léger, —— lui qui vient pourtant de nous dire « qu’il a le frisson, avant d’entreprendre des œuvres nouvelles… » Il va négliger pour celles-ci les autres, plus grandes, auxquelles, la veille encore, il attribuait la préséance.



Reste à savoir — et c’est l’essentiel — pourquoi donc sa pensée a été prise par la volonté de se consacrer à ce travail presque exclusif.


Il y avait d’abord — (commençons par le plus apparent, par les raisons à fleur de peau !) — un motif d’orgueil blessé. Il sortait de l’échec matériel des grands concerts, ces deux « Académies » de mai 1824, qui furent le baptême de la Neuvième et de la Messe. Car, en dépit du bruit de gloire qu’elles avaient soulevé, le résultat s’en était chiffré par une grosse perte matérielle[1] ; et Beethoven en avait gardé une

  1. « Je dois vivre de ma plume, comme un brave chevalier de son épée : les Académies m’ont causé une grosse perte. » (À Diabelli, 24 août 1824).

    Au premier concert du 7 mai, les recettes brutes avaient été de