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Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/169

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Comment, diable, comment ! Mais ils sont ennemis !

— Je ne dis pas… Cela se peut… On est pour tous les deux.

— Il faut choisir, par Dieu !

— Est-ce qu’il le faut, monsieur ? Ne puis m’en dispenser ? En ce cas, je le veux. Pour qui est-ce que je suis ?… Monsieur, je vous le dirai un de ces quatre lundis. Je m’en vas y penser. Mais il me faut le temps.

— Eh ! qu’est-ce que tu attends ?

— Mais, monsieur, de savoir qui sera le plus fort.

— Coquin, n’as-tu pas honte ? N’es-tu pas capable de distinguer le jour de la nuit et le roi de ses ennemis ?

— Ma foi, monsieur, nenni. Vous m’en demandez trop. Je vois bien qu’il fait jour, je ne suis pas aveugle ; mais entre gens du roi et gens des seigneurs princes, pour ce qui est de faire choix, vraiment je ne saurais dire lesquels boivent le mieux et font plus de dégâts. Je n’en dis point de mal ; ils ont bon appétit : c’est qu’ils se portent bien. Bonne santé à vous je souhaite pareillement. Les beaux mangeurs me plaisent ; j’en ferais bien autant. Mais pour ne rien celer, j’aime mieux mes amis qui mangent chez les autres.

— Drôle, tu n’aimes donc rien ?

— Monsieur, j’aime mon bien.

— Ne peux-tu l’immoler à ton maître, le roi ?

— Je le veux bien, monsieur, si ne puis autrement. Mais je voudrais pourtant savoir, si nous