Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/231

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est brûlé !

— Bien oui, c’est du réchauffé ; je la connais, ta nouvelle ! Voilà dix fois, en une heure, qu’on me la corne aux oreilles. Que veux-tu ? c’est un malheur !

Il me regarde, soulagé. Tout de même, il avait gros cœur.

— Tu tenais donc à ta cage, merle qui ne pensait qu’aux moyens d’en sortir ? Va, dis-je, je te soupçonne d’avoir, friponneau, dansé comme les autres, autour des fagots.

(Je n’en pensais pas un mot.)

Il prend l’air indigné :

— Ça n’est pas vrai, crie-t-il, pas vrai ! Je me suis battu. Tout ce que nous avons pu pour arrêter le feu, maître, nous l’avons fait ; mais nous n’étions que deux. Et Cagnat, bien malade (c’est mon autre apprenti), avait sauté du lit, quoiqu’il tremblât de fièvre, et s’était mis devant la porte du logis. Allez donc arrêter un troupeau de gouris ! Nous avons été balayés, roulés, foulés, boulés. Nous avions beau taper et ruer comme des sourds : ils ont passé sur nous, ainsi que la rivière, quand les vannes de l’écluse sont ouvertes. Cagnat s’est relevé, a couru après eux : ils l’ont presque assommé. Moi, tandis qu’ils luttaient, je me suis faufilé dans l’atelier en feu… Bon Dieu, quelle flambée ! Tout avait pris, d’un coup, c’était comme une torche qui allongeait sa langue, blanche, rouge et sifflante, en vous crachant au nez flammèches et fumée. Je pleurais, je toussais, je commençais à cuire, je me disais :

« Robin, tu vas faire du boudin ! » … Tant pire, on