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X

L’ÉMEUTE

Fin août.

Quand l’émotion fut digérée, je dis à Robinet :

— Assez ! Ce qui est fait est fait. Voyons ce qui reste à faire.

Je lui fis raconter ce qui s’était passé dans la cité, depuis quinze ou vingt jours que je l’avais quittée, mais bref et clair, sans bavarder : car l’histoire d’hier est de l’histoire ancienne ; et l’essentiel est de savoir où nous en sommes. J’appris que sur Clamecy régnaient la peste et la peur, la peur plus que la peste : car celle-ci déjà semblait chercher fortune ailleurs, laissant la place aux malandrins qui, de tous les côtés, attirés par l’odeur, venaient lui arracher des doigts sa proie. Ils étaient maîtres du terrain. Les flotteurs, affamés et rendus enragés par la terreur du fléau, laissaient faire, ou faisaient comme eux. Quant aux lois, elles gisaient. Qui en avait reçu la garde, était allé garder ses champs. De nos quatre échevins, l’un était mort, deux avaient fui ; et le procureur avait pris la poudre d’escampette.