Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/245

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en l’absence des autres, lieutenant, procureur, d’assurer l’ordre en la cité.

— Le fait-il ?

— Il prétend…

— Le fait-il, oui ou non ?

— Cela se voit assez !

— Alors, nous, faisons-le.

— M. Racquin promet que si nous ne bougeons, nous serons épargnés. L’émeute restera cantonnée aux faubourgs.

— Et comment le sait-il ?

— Il a dû faire un pacte avec eux, contraint, forcé !

— Mais ce pacte, c’est un crime !

— C’est, dit-il, pour les endormir.

— Les endormir, eux, ou bien vous ?

Gangnot frappa de nouveau son enclume (c’était son geste à lui, sa façon pour parler de se claquer la cuisse), et dit :

— Il a raison.

Tous avaient l’air honteux, peureux et furieux. Denis Saulsoy, baissant le nez :

— Si l’on disait tout ce qu’on pense, on aurait long à raconter.

— Eh ! que ne parles-tu ? fis-je. Que ne parlez-vous ? Nous sommes entre frères. Qu’est-ce que vous craignez ?

— Les murs ont des oreilles.

— Quoi ! vous en êtes là ?… Gangnot, prends ton marteau, et mets-toi en travers de la porte, mon gars ! Le premier qui voudra ou sortir ou entrer, enfonce-lui le crâne dans l’estomac ! Que les murs