Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/290

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qui ne veut rien devoir à ses enfants, à moi ! À moi ! je te battrais !

— Ce serait la façon, dis-je, de me forcer à encaisser de toi, au moins, des horions.

— Va, tu n’as pas de cœur, dit-elle.

— Ma petite fille !

— Oui, fais le patelin ! Bas les pattes ! vilain !

— Ma grande, ma doucette, ma mie, ma toute belle !

— Vas-tu me faire la cour, à présent, gueule de miel ? Flatteur, hâbleur, menteur ! Quand auras-tu fini, dis, de me rire au nez, avec ta longue bouche tortillée ?

— Regarde-moi. Tu ris, toi aussi.

— Non.

— Tu ris.

— Non ! Non ! Non !  !

— Je le vois… là.

Et j’appuyai mon doigt sur sa joue, qui s’enflait de tire, et qui creva.

— C’est trop bête, dit-elle. Je t’en veux, je te hais et je n’ai même pas le droit d’être fâchée ! Il faut que ce vieux singe me fasse, malgré moi, rire de ses grimaces !… Mais, va, je te déteste. Un méchant gueux, ruiné, qui fait son Artaban, le fier avec ses enfants ! Tu n’en as pas le droit.

— C’est le seul qui me reste.

Elle me dit encore des paroles aiguisées. Et je lui en servis d’aussi bien affilées. Nous avons tous les deux, langues de rémouleurs, nous repassons les mots sur la meule aux couteaux. Par bonheur, aux