Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/302

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voilà parti, avec ma fantaisie ! Tâche de les rattraper. Il te faudra de bonnes jambes. Ma commère fantaisie n’a pas la cuisse cassée. Allons, cours, mon ami !…

Je dois dire que d’abord, je fus de méchante humeur. La langue m’était laissée, j’en usai pour pester. Il ne faisait pas bon, ces jours-là, m’approcher. Je savais pourtant bien que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi seul de ma chute. Eh ! je ne le savais que trop. Tous ceux qui venaient me voir me le cornaient aux oreilles :

— On te l’avait bien dit ! Quel besoin avais-tu de grimper comme un chat ? Un barbon de ton âge ! On t’avait averti. Mais tu ne veux rien entendre. Faut toujours que tu trottes. Eh bien, trotte à présent ! Tu ne l’as pas volé…

Belle consolation ! Quand vous êtes misérable, s’évertuer à prouver, pour vous ragaillardir, par-dessus le marché que vous êtes un sot ! La Martine, mon gendre, amis, indifférents, tous ceux qui venaient me voir, ils s’étaient donné le mot. Et moi, je devais subir leurs objurgations, sans bouger, pris au piège, et rageant à crever. Jusqu’à cette moutarde de Glodie, qui me dit :

— Tu n’as pas été sage, grand-père, c’est bien fait ! Je lui lançai mon bonnet, je criai :

— Foutez-moi le camp !

Alors, je restai seul, et ce ne fut pas plus gai. La Martine, bonne fille, insistait pour qu’on mît mon matelas en bas, dans l’arrière-boutique. Mais moi (