Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est le bon Dieu ! Loué soit le Saint-Esprit !…

Quelquefois, arrêté au milieu de l’histoire, j’imagine la suite ; puis, je compare l’œuvre de ma fantaisie et celle que la vie ou que l’art a sculptée. Quand c’est l’art, bien souvent je devine l’énigme : car je suis un vieux renard, je connais toutes les ruses, et je ris, dedans ma barbe, de les avoir éventées. Mais quand c’est la vie, je suis souvent en défaut. Elle déjoue nos malices, et ses imaginations passent de loin les nôtres. Ah ! la folle commère !… Il n’est que sur un point qu’elle ne se met guère en frais de varier son récit : celui qui clôt l’histoire. Guerres, amours, facéties, tout finit par le plongeon que vous savez, au fond du trou. Là-dessus, elle rabâche. C’est comme une façon d’enfant capricieux, qui brise ses jouets quand il en a assez. Je suis furieux, je lui crie : « Vilain brutal, veux-tu, veux-tu me le laisser !… » Je le lui prends des mains… Trop tard ! il est cassé… Et je goûte une douceur à bercer, comme Glodie, les débris de ma poupée. Et cette mort qui vient, comme l’heure à l’horloge, à chaque tour du cadran, prend la beauté d’un refrain. Sonnez, cloches et bourdons, bourdonnez, dig, ding, don !

« Je suis Cyrus, celui qui a conquis l’Asie, l’empereur des Persians, et

te prie, mon ami, que tu ne me portes envie de ce très peu de terre qui couvre mon pauvre corps… »

Je relis l’épitaphe aux côtés d’Alexandre, qui frémit dans sa chair, prête à lui échapper, car il lui