Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/326

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on entend leurs rires. Et Florimond, que mon succès dépite, me demande, en raillant, mon secret. Je réponds :

— Mon secret ? Je suis jeune, mon vieux.

— Et puis, dit-il piqué, c’est ton mauvais renom. Vieux coureurs font courir après eux les femelles.

— Sans doute, je réponds. N’a-t-on pas du respect, envers un vieux soldat ? On s’empresse à le voir, on se dit : « Il revient du pays de la gloire. « Et celles-ci se disent : » « Colas a fait campagne, au pays de l’amour. Il le connaît, il nous connaît… Et puis, qui sait ? Peut-être encore il combattra. »

— Vieux polisson ! s’écrie Martine, ardez-moi ça ! Va-t-il pas s’aviser d’être encore amoureux !

— Et pourquoi pas ? C’est une idée ! Puisqu’il en est ainsi, pour vous faire enrager, je m’en vais me remarier.

— Eh ! remarie-toi, mon garçon, grand bien te fasse ! Il faut bien que jeunesse passe !…

    • *

Saint-Nicolas (6 décembre).

Pour la Saint-Nicolas, hors de mon lit, dans un fauteuil on me roula, entre la table et la fenêtre. Sous mes pieds, une chaufferette. Devant, un pupitre de bois, avec un trou pour la chandelle.

Sur les dix heures, la confrérie des mariniers, « faiseurs de flot » et ouvriers, « compagnons de rivière »,