Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

facéties, paillardises, gaillardises, que j’ai ouïes, dites ou lues (ce serait dommage, vraiment, qu’elles fussent perdues), au cours de mon pèlerinage en cette vallée de larmes. D’y penser seulement, j’ai le ventre secoué ; je viens, en écrivant, de faire un gros pâté.



Quand nous eûmes bien crié, fallut agir (agir après parler, repose). Ni eux, ni nous n’y tenions guère. Le coup était manqué pour eux, nous étions à l’abri : ils n’avaient nulle envie d’escalader nos murs ; on risque trop de se rompre les os. Cependant, s’agissait de faire, coûte que coûte, quelque chose, n’importe quoi. On brûla de la poudre, on déchargea des pétarades en veux-tu ? eh ! en voilà ! Nul n’en souffrit, que les moineaux. Le dos au mur, au pied du parapet, assis en paix, nous attendions que les pruneaux eussent passé, pour décharger aussi les nôtres, mais sans viser (il ne faut pas trop s’exposer). On ne se risquait à regarder que lorsqu’on entendait brailler leurs prisonniers : ils étaient bien une douzaine, hommes et femmes de Béyant, tous alignés, non pas la face, mais la pile tournée aux murs à qui l’on donnait la fessée. Ils criaient plus fort que l’anguille, mais le mal n’était pas grand. Pour nous venger, bien abrités, nous défilâmes tout le long de nos courtines, brandissant au-dessus des murs, embrochés au bout de nos