Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 1.djvu/161

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À quelque temps de là, un événement musical vint surexciter encore plus les pensées de Christophe. François-Marie Hassler, l’auteur du premier opéra qui l’avait si profondément bouleversé, allait venir. Il devait diriger un concert de ses œuvres. La ville fut en émoi. Le jeune maître était violemment discuté en Allemagne ; et, pendant quinze jours, il ne fut question que de lui dans toutes les conversations. Ce fut bien autre chose, quand il fut arrivé. Les amis de Melchior, et ceux du vieux Jean-Michel, venaient constamment aux nouvelles ; et ils en apportaient d’extravagantes sur les habitudes du musicien et ses excentricités. L’enfant suivait ces récits avec une attention passionnée. L’idée que le grand homme était là, dans sa ville, qu’il respirait le même air que lui, qu’il foulait les mêmes pavés, le jetait dans un état d’exaltation muette. Il ne vivait plus que dans l’espérance de le voir.

Hassler était descendu au palais, où le grand-duc lui avait offert l’hospitalité. Il ne sortait guère que

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