Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 1.djvu/196

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Soudain, sans que l’on sût pourquoi, Melchior changea d’avis. Non seulement il approuva que grand-père eût recueilli les inspirations de Christophe ; mais, à la grande surprise de ce dernier, il passa plusieurs soirs à faire de son manuscrit deux ou trois copies. À toutes les questions qu’on lui adressait à ce sujet, il répondait d’un air important qu’ « on verrait… » ; ou bien il se frottait les mains en riant, frictionnait à tour de bras la tête du petit, par manière de plaisanterie, ou lui administrait joyeusement sur les fesses des claques retentissantes. Christophe détestait horriblement ces familiarités ; mais il voyait que son père était content, et il ne savait pourquoi.

Puis, il y eut entre Melchior et le grand-père des conciliabules mystérieux. Et, un soir, Christophe très étonné, apprit qu’il avait, lui, Christophe, dédié à S. A. S. le grand-duc Léopold les Plaisirs du Jeune Âge. Melchior avait fait pressentir les intentions du prince, qui s’était montré gracieusement disposé à accepter l’hommage. Là-dessus, Melchior triomphant déclara qu’il fallait, sans perdre un mo-

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