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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 1.djvu/74

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Jean-Michel avait reporté toutes ses ambitions sur son fils ; et Melchior promit d’abord de les réaliser. Il avait, dès l’enfance, de grands dons pour la musique. Il apprenait avec une facilité remarquable, et de bonne heure il acquit, comme violoniste, une virtuosité, qui fit de lui pendant longtemps le favori, presque l’idole, des concerts de la cour. Il jouait aussi fort agréablement du piano et d’autres instruments. Il était beau parleur, bien fait, quoiqu’un peu lourd, et le type de ce qui passe en Allemagne pour la beauté classique : un large front inexpressif, de gros traits réguliers, et une barbe frisée : un Jupiter des bords du Rhin. Le vieux Jean-Michel savourait les succès de son fils ; il était en extase devant les tours de force du virtuose, lui qui n’avait jamais su jouer proprement d’aucun instrument. Ce n’était certes pas Melchior qui eût été en peine pour exprimer ce qu’il pensait.

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