Aller au contenu

Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

167
LA NOUVELLE JOURNÉE

au chevet de l’enfant une suite de jours pénibles, surtout une nuit de crise, au sortir de laquelle Lionello, qui semblait perdu, fut sauvé. Et ce fut alors pour tous deux un bonheur si pur, — tous deux veillant, la main dans la main, le petit malade endormi, — que brusquement elle se leva, elle prit son manteau à capuchon, elle entraîna Christophe au dehors, sur la route, dans la neige, le silence et la nuit, sous les froides étoiles. Appuyée à son bras, aspirant avec enivrement la paix glacée du monde, ils échangeaient à peine quelques syllabes. Nulle allusion à leur amour. Seulement, quand ils rentrèrent, sur le pas de la porte, elle lui dit :

— Mon cher, cher ami !…

les yeux illuminés du bonheur de l’enfant sauvé.

Ce fut tout. Mais ils sentirent que leur lien était devenu sacré.