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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/182

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LA FIN DU VOYAGE

un peu voûté. Un moment, il leva la tête et regarda le chalet. Elle se jeta à l’intérieur, afin qu’il ne la vît pas ; elle comprimait son cœur avec ses mains, et, tout émue, elle riait. Bien qu’elle ne fût guère religieuse, elle se mit à genoux, elle cacha sa figure dans ses bras : elle avait besoin de remercier quelqu’un… Cependant, il n’arrivait pas. Elle retourna à la fenêtre, et regarda, cachée derrière ses rideaux. Il s’était arrêté, adossé à la barrière d’un champ, près de la porte du chalet. Il n’osait pas entrer Et elle, plus troublée que lui, souriait, et disait tout bas :

— Viens…

Enfin, il se décida, et sonna. Déjà, elle était à la porte. Elle ouvrit. Il avait les yeux d’un bon chien, qui craint d’être battu. Il dit :

— Je suis venu… Pardon…

Elle lui dit :

— Merci.

Alors, elle lui avoua combien elle l’attendait.

Christophe l’aida à soigner le petit, dont l’état empirait. Il y mit tout son cœur. L’enfant lui témoignait une animosité irritée ; il ne prenait plus la peine de la cacher ; il trouvait à dire des paroles méchantes. Christophe attribuait tout au mal. Il avait une patience qui ne lui était pas coutumière. Ils passèrent