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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/31

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Un soir d’été.

Il se promenait dans la montagne, au-dessus d’un village. Il allait, son chapeau à la main, par un chemin en lacets qui montait. Arrivée à un col, la route formait un double détour, à l’ombre, entre deux pentes ; des buissons de noisetiers, des sapins, la bordaient. C’était comme un petit monde fermé. À l’un et l’autre coudes, le chemin semblait fini, cabré au bord du vide. Au delà, les lointains bleuâtres, l’air lumineux. Le calme du soir descendait, goutte à goutte, comme un filet d’eau qui tintait sous la mousse.

Ils apparurent tous deux, en même temps, chacun à l’un des coudes opposés de la route. Elle était vêtue de noir, elle se détachait sur la clarté du ciel ; derrière elle, deux enfants, un petit garçon et une petite fille, de six à huit ans, jouaient et cueillaient des fleurs. À quelques pas, ils se reconnurent. Leur émotion se trahit dans leurs yeux : mais aucune parole forte, un geste impercep-

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