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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/32

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16
LA FIN DU VOYAGE

tible. Lui, très troublé ; elle, … ses lèvres tremblaient un peu. Ils s’arrêtèrent. Presque à voix basse :

— Grazia !

— Vous ici !

Ils se donnèrent la main, et restèrent sans parler. La première, Grazia fit un effort pour rompre le silence. Elle dit où elle habitait, elle demanda où il était. Questions et réponses machinales, qu’ils écoutaient à peine, qu’ils entendirent après, quand ils furent séparés : ils étaient absorbés par la vue l’un de l’autre. Les enfants l’avaient rejointe. Elle les lui présenta. Il éprouvait pour eux un sentiment hostile. Il les regarda sans bonté, et ne dit rien ; il était plein d’elle, uniquement occupé à étudier son beau visage un peu souffrant et vieilli. Elle était gênée par ses yeux. Elle dit :

— Voulez-vous venir, ce soir ?

Elle dit le nom de l’hôtel.

Il demanda où était son mari. Elle montra son deuil. Il était trop ému pour continuer l’entretien. Il la quitta gauchement. Mais après avoir fait deux pas, il revint vers les enfants, qui cueillaient des fraises, il les prit avec brusquerie, les embrassa, et se sauva.

Le soir, il vint à l’hôtel. Elle était sous la véranda vitrée. Ils s’assirent à l’écart. Peu