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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/46

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LA FIN DU VOYAGE

l’intéressait des souvenirs italiens, des villes d’art du passé. De Rome il ne vit rien, il ne chercha à rien voir ; et ce qu’il en aperçut, au passage, d’abord, des quartiers neufs sans style, des bâtisses carrées, ne lui inspira pas le désir d’en connaître davantage.

Aussitôt arrivé, il alla chez Grazia. Elle lui demanda :

— Par quel chemin êtes-vous venu ? Vous êtes-vous arrêté à Milan, à Florence ?

— Non, dit-il. Pourquoi faire ?

Elle rit.

— Belle réponse ! Et que pensez-vous de Rome ?

— Rien, dit-il, je n’ai rien vu.

— Mais encore ?

— Rien. Pas un monument. Au sortir de l’hôtel, je suis venu chez vous.

— Il suffit de dix pas, pour voir Rome… Regardez ce mur, en face… Il n’y a qu’à voir sa lumière.

— Je ne vois que vous, dit-il.

— Vous êtes un barbare, vous ne voyez que votre idée. Et quand êtes-vous parti de Suisse ?

— Il y a huit jours.

— Qu’avez-vous donc fait, depuis ?

— Je ne sais pas. Je me suis arrêté, par hasard, dans un pays près de la mer. J’ai à