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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/95

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LA NOUVELLE JOURNÉE

finis… Ils recommencent. Mon cher compagnon Jeannin me l’avait bien prédit. Mais je le soupçonnais de se faire illusion. Le moyen d’y croire, alors ! La France était, comme leur Paris, pleine de démolitions, de plâtras et de trous. Je disais : « Ils ont tout détruit… Quelle race de rongeurs ! » — Une race de castors. Dans l’instant qu’on les croit acharnés sur des ruines, avec ces ruines mêmes ils posent les fondations d’une ville nouvelle. Je le vois à présent que les échafaudages s’élèvent de tous côtés…


« Wenn ein Ding geschehen,
Selbst die Narren es verstehen…[1]


« À la vérité, c’est toujours le même désordre français. Il faut y être habitué pour reconnaître, dans la cohue qui se heurte en tous sens, les équipes d’ouvriers qui vont chacune à sa tâche. Ce sont des gens, comme vous savez, qui ne peuvent rien faire, sans crier sur les toits ce qu’ils font. Ce sont aussi des gens qui ne peuvent rien faire, sans dénigrer ce que les voisins font. Il y a de quoi troubler les têtes les plus solides. Mais quand

  1. Quand une chose est arrivée, même les sots la comprennent.