Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/109

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Un jour, en revenant d’une leçon, Christophe aperçut dans une rue voisine Otto en compagnie d’un garçon de son âge. Ils riaient et causaient familièrement ensemble. Christophe pâlit et les suivit des yeux, jusqu’à ce qu’ils eussent disparu au détour de la rue. Ils ne l’avaient point vu. Il rentra. C’était comme si un nuage avait passé sur le soleil. Tout était assombri.

Quand ils se retrouvèrent, le dimanche suivant, Christophe ne parla de rien d’abord. Mais après une demi-heure de promenade, il dit d’une voix étranglée :

— Je t’ai vu, mercredi, dans la Kreuzgasse.

— Ah ! dit Otto.

Et il rougit.

Christophe continua :

— Tu n’étais pas seul.

— Non, dit Otto, j’étais avec quelqu’un.

Christophe avala sa salive, et demanda d’un ton qui voulait être indifférent :

— Qui était-ce ?

— Mon cousin Franz.

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