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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/175

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Ils causaient seuls, un soir. L’ombre tombait dans le salon. Leur entretien avait pris une teinte grave. Ils parlaient de l’infini, de la vie, et de la mort. C’était un cadre plus grandiose pour leur passionnette. Minna se plaignait de sa solitude : ce qui amena naturellement la réponse de Christophe, qu’elle n’était pas aussi seule qu’elle disait.

— Non, fit-elle en secouant sa petite tête, tout cela, ce sont des mots. Chacun vit pour soi, personne ne s’intéresse à vous, personne ne vous aime.

Un silence.

— Et moi ? dit brusquement Christophe, pâle d’émotion.

L’impétueuse petite personne se leva d’un bond et lui saisit les mains.

La porte s’ouvrit. Ils se rejetèrent en arrière. Madame de Kerich entra. Christophe se plongea

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