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Jean-Christophe

des autres, — surtout des autres, peut-être, — des bouffées de désir brutal et obscur, qui lui donnaient le vertige, et qu’il ne comprenait pas. Minna, surtout curieuse, et ravie d’avoir un roman, cherchait à en tirer tout le plaisir possible d’amour-propre et de sentimentalité ; elle se dupait de tout cœur sur ce qu’elle éprouvait. Une bonne partie de leur amour était purement livresque. Ils se ressouvenaient des romans qu’ils avaient lus, et se prêtaient constamment des sentiments qu’ils n’avaient point.

Mais le moment venait où tous ces petits mensonges, tous ces petits égoïsmes allaient s’évanouir devant le divin rayonnement de l’amour. Un jour, une heure, quelques secondes éternelles… Et ce fut si inattendu !…