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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

— assis depuis des siècles dans l’ombre — se lève comme un lion, et secoue avec rage les colonnes du Temple, qui s’écroulent sur lui et sur la race ennemie.

Christophe se boucha le nez, et dit à Sylvain Kohn :

— Il y a de la force là-dedans ; mais elle pue. Assez ! Allons voir autre chose.

— Quoi ? demanda Sylvain Kohn.

— La France.

— La voilà ! dit Kohn.

— Ce n’est pas possible, fit Christophe. La France n’est pas ainsi.

— La France, comme l’Allemagne.

— Je n’en crois rien. Un peuple qui serait ainsi n’en aurait pas pour vingt ans : il sent déjà le pourri. Il y a autre chose.

— Il n’y a rien de mieux.

— Il y a autre chose, s’entêta Christophe.

— Oh ! nous avons aussi de belles âmes, naturellement, dit Sylvain Kohn, et des théâtres pour belles âmes. Est-ce là ce qu’il vous faut ? On peut vous en offrir.

Il conduisit Christophe au Théâtre-Français.