Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il y avait pourtant un grand art classique, qui se maintenait au milieu de ces industries modernes, comme les ruines des nobles temples antiques parmi les constructions prétentieuses de la Rome d’aujourd’hui. Mais, en dehors de Molière, Christophe n’était pas encore en état de l’apprécier. Il lui manquait le sens intime de la langue, donc, du génie de la race. Rien ne lui échappait autant que la tragédie du xviie siècle, — une des provinces de l’art français les moins accessibles aux étrangers, justement parce qu’elle est située au cœur même de la France. Il la trouvait d’un ennui écrasant, froide, sèche, écœurante de minauderies et de pédantisme. Une action indigente ou forcée, des personnages abstraits comme des arguments de rhétorique, ou insipides comme une conversation de femmes du monde. Une caricature des sujets et des héros antiques. Un étalage de raison, de raisons, d’arguties, de psychologie, d’archéologie démodée. Des discours, des discours, des discours : l’éternel bavardage français. Que ce fût beau ou non, Christophe se refusait ironiquement à en décider :

— 125 —