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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/180

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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

moi avec bonté. Cela me fait tant de bien de causer avec vous ! Je sens que vous êtes fort, que vous êtes sain : j’ai toute confiance en vous. Soyez un peu mon ami, voulez-vous ?

— Je veux bien, dit Christophe. Mais qu’est-ce que je pourrai faire ?

— M’écouter, me conseiller, me donner du courage. Je suis dans un tel désarroi, souvent ! Alors, je ne sais plus que faire. Je me dis : « À quoi bon lutter ? À quoi bon me tourmenter ? Ceci ou cela, qu’importe ? N’importe qui ! N’importe quoi ! » C’est un état affreux. Je ne voudrais pas y tomber. Aidez-moi ! Aidez-moi !

Elle avait l’air accablée, vieillie de dix ans ; elle regardait Christophe avec de bons yeux soumis et suppliants. Il promit tout ce qu’elle voulut. Alors elle se ranima, sourit, redevint gaie.

Et, le soir, elle riait et flirtait, comme à l’ordinaire.