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LA FOIRE SUR LA PLACE

été inutile en cela. Il s’intéressa à Christophe, parce qu’il voyait en lui un plébéien vigoureux, comme il était lui-même. Il était d’ailleurs curieux d’observer de près un original de ce genre — (il était d’une curiosité inlassable pour observer les hommes) — et de connaître ses impressions sur Paris. La franchise et la rudesse des remarques de Christophe l’amusa. Il était assez sceptique pour en admettre l’exactitude. Que Christophe fût Allemand n’était pas pour le gêner : au contraire ! Il se vantait d’être au-dessus des préjugés de patrie. Et, en somme, il était sincèrement « humain » — (c’était sa principale qualité) ; — il sympathisait avec tout ce qui était homme. Mais cela ne l’empêchait pas d’avoir la conviction bien assurée de la supériorité du Français — vieille race, vieille civilisation — sur l’Allemand, et de se gausser de l’Allemand.