Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/98

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Cependant, au milieu de l’anarchie, un groupe s’efforçait de restaurer l’ordre et la discipline dans l’esprit des artistes et dans celui du public. Pour commencer, il avait pris un nom latin, évoquant le souvenir d’une institution cléricale, qui avait fleuri, il y avait quelque treize ou quatorze cents ans, au temps de la grande Invasion des Goths et des Vandales. Christophe était un peu surpris que l’on remontât si loin. Certes, il était bon de dominer son temps. Mais il était à craindre qu’une tour de quatorze siècles de haut ne fût un observatoire un peu incommode, d’où l’on devait suivre plus aisément les mouvements des étoiles que ceux des hommes d’aujourd’hui. Christophe se rassura vite, en voyant que les fils de saint Grégoire ne restaient que rarement sur leur tour ; ils y montaient seulement, afin de sonner les cloches. Tout le reste du temps, ils le passaient à l’église d’en bas. Christophe, qui assista à quelques-uns des offices, fut un peu de temps avant de s’apercevoir qu’ils étaient du culte catholique ; il était convaincu d’abord qu’ils appartenaient au rite de quelque petite secte protestante. Un public

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