Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/137

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Parmi toutes ces difficultés, le seul qui leur vînt en aide était un Juif d’une quarantaine d’années, nommé Taddée Mooch. Il tenait un magasin de photographies d’art ; mais bien qu’il s’intéressât à son métier, et qu’il y apportât beaucoup de goût et d’habileté, il s’intéressait à tant de choses, à côté, qu’il en négligeait son commerce. Quand il s’en occupait, c’était pour rechercher des perfectionnements techniques, pour s’engouer de procédés de reproductions nouveaux, qui, malgré leur ingéniosité, réussissaient rarement et coûtaient beaucoup d’argent. Il lisait énormément et se tenait à l’affût de toutes les idées neuves en philosophie, en art, en science, en politique ; il avait un flair surprenant pour découvrir les forces indépendantes et originales : on eût dit qu’il en subissait l’aimant caché. Entre les amis d’Olivier, isolés comme lui et travaillant chacun de son côté, il servait en quelque sorte de lien. Il allait des uns aux autres ; et par lui s’établissait entre eux, sans que ni eux ni lui en eussent conscience, un courant permanent d’idées.

Quand Olivier voulut le faire connaître à Chris-

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