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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/187

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Christophe était alors dans un état d’équilibre parfait de toutes les forces de sa vie. Il ne s’embarrassait pas de discussions esthétiques sur la valeur de telle ou telle forme musicale, ni de recherches raisonnées pour créer du nouveau ; il n’avait même pas besoin de se mettre en peine pour trouver des sujets à traduire en musique. Tout lui était bon. Le flot de musique s’épanchait, sans que Christophe sût quel sentiment il exprimait. Il était heureux, voilà tout, heureux de se répandre, heureux de s’être répandu, heureux de sentir battre en lui le pouls de la vie universelle.

Cette joie et cette plénitude se communiquaient à ceux qui l’entouraient.

La maison au jardin fermé était trop petite pour lui. Il y avait bien l’échappée sur le parc du couvent voisin, avec la solitude de ses grandes allées et ses arbres centenaires ; mais c’était trop beau pour durer. On était en train de construire, en face de la fenêtre de Christophe, une maison à six étages, qui supprimait la vue et achevait le blocus autour de lui. Il avait de plus l’agrément

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