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DANS LA MAISON

Un soir, — Christophe rentrait, — il remarqua un désordre inaccoutumé dans la maison. Un fournisseur qu’il rencontra lui apprit que le locataire du troisième, M. Watelet, venait de mourir subitement, d’une angine de poitrine. Christophe fut pénétré de compassion, moins encore par la pensée de son malheureux voisin que par celle de l’enfant, qui se trouvait abandonnée. On ne connaissait aucun parent à M. Watelet, et il y avait tout lieu de croire qu’il la laissait à peu près sans ressources. Christophe monta, quatre à quatre, et entra dans l’appartement du troisième, dont la porte était ouverte. Il trouva l’abbé Corneille auprès du mort, et la petite fille en larmes, qui appelait son papa ; la concierge essayait maladroitement de la consoler. Christophe prit l’enfant dans ses bras, il lui dit des mots tendres. La petite s’accrocha désespérément à lui ; il ne pouvait songer à la quitter ; il voulut remporter de l’appartement ; mais elle s’y refusa. Il resta donc avec elle. Assis près de la fenêtre, dans le jour qui déclinait, il continuait de la bercer dans ses bras, en lui parlant doucement. L’enfant se calmait peu à peu ; elle s’endormit, au milieu de ses sanglots. Christophe la déposa sur son lit, et il tâchait gauchement de la déshabiller, de défaire les lacets de ses petits souliers. C’était la tombée de la nuit. La porte de l’appartement était restée ouverte. Une ombre entra, avec un frôlement de jupes. Aux derniers