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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/33

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DANS LA MAISON

souvenir. Christophe, avec la finesse de tact que l’amour lui avait donnée, ne tarda pas à le remarquer ; mais il ignorait pourquoi. Jamais il n’avait osé interroger Olivier sur ses parents ; il savait seulement qu’Olivier les avait perdus ; et à la réserve un peu fière de son affection, qui évitait de s’enquérir des secrets de son ami, s’ajoutait la peur de réveiller en lui les douleurs passées. Quelque désir qu’il en eût, une timidité singulière l’avait même empêché d’examiner de près les photographies qui étaient sur la table d’Olivier, et qui représentaient un monsieur et une dame dans des poses cérémonieuses, et une petite fille d’une douzaine d’années, avec un grand chien épagneul à ses pieds.

Deux ou trois mois après leur installation, Olivier prit un refroidissement ; il lui fallut s’aliter. Christophe, qui s’était découvert une âme maternelle, veillait sur lui, avec une affection inquiète ; et le médecin, qui avait, en écoutant Olivier, trouvé un peu d’inflammation au sommet du poumon, avait chargé Christophe de badigeonner le dos du malade avec de la teinture d’iode. Comme Christophe s’acquittait de la tâche avec beaucoup de gravité, il vit autour du cou d’Olivier une médaille de sainteté. Il connaissait assez Olivier maintenant pour savoir que, plus encore que lui-même, il était affranchi de toute foi religieuse. Il ne put s’empêcher de montrer son étonnement. Olivier rougit. Il dit :