Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

22
JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

— C’est un souvenir. Ma pauvre petite Antoinette la portait, en mourant.

Christophe tressaillit. Le nom d’Antoinette fut un éclair pour lui.

— Antoinette ? dit-il.

— Ma sœur, dit Olivier.

Christophe répétait :

— Antoinette… Antoinette Jeannin… Elle était votre sœur ?… Mais, dit-il, en regardant la photographie qui était sur la table, elle était tout enfant, quand vous l’avez perdue ?

Olivier sourit tristement :

— C’est une photographie d’enfance, dit-il. Hélas ! je n’en ai pas d’autre… Elle avait vingt-cinq ans, lorsqu’elle m’a quitté.

— Ah ! fit Christophe, ému. Et elle a été en Allemagne, n’est-ce pas ?

Olivier fit signe de la tête que oui.

Christophe saisit les mains d’Olivier :

— Mais je la connaissais ! dit-il.

— Je le sais bien, dit Olivier.

Il se jeta au cou de Christophe.

— Pauvre petite ! Pauvre petite ! répétait Christophe. Ils pleurèrent tous deux.

Christophe se ressouvint qu’Olivier était souffrant. Il tâcha de le calmer, l’obligea à rentrer ses bras dans le lit, lui ramena les draps sur les épaules, et, lui essuyant maternellement les yeux, il s’assit à son chevet ; et il le regarda.