Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/284

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— Mon amie m’a trahi.

Sous cette pensée, Olivier succombait. En vain, Christophe le secouait rudement, par affection.

— Que veux-tu ? disait-il. Une trahison d’ami, c’est une épreuve journalière, comme la maladie, la pauvreté, la lutte avec les sots. Il faut être armé contre elle. Si on ne peut y résister, c’est qu’on n’est qu’un pauvre homme.

— Ah ! c’est tout ce que je suis. Je n’y mets pas d’orgueil… Un pauvre homme, oui, qui a besoin de tendresse, et qui meurt, s’il ne l’a plus.

— Ta vie n’est pas finie : il y a d’autres êtres à aimer.

— Je ne crois plus à aucun. Il n’y a pas d’amis.

— Olivier !

— Pardon. Je ne doute pas de toi. Quoiqu’il y ait des moments où je doute de tout…

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