Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/77

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Les jours suivants, il engagea Olivier à faire sa demande aux parents de Jacqueline. Olivier n’osait point, par crainte du refus qu’il prévoyait. Christophe le pressa aussi de se mettre en quête d’une situation. À supposer qu’il fût agréé par les Langeais, il ne pouvait accepter la fortune de Jacqueline, s’il ne se trouvait lui-même en état de gagner son pain. Olivier pensait comme lui, sans partager sa défiance injurieuse, un peu comique, à l’égard des mariages riches. C’était là une idée ancrée dans la tête de Christophe, que la richesse tue l’âme. Volontiers, il eût répété cette boutade d’un sage gueux à une riche oiselle, qui s’inquiétait de l’au-delà :

— Quoi, madame, vous avez des millions, et vous voudriez encore, par-dessus le marché, avoir une âme immortelle ?

— Méfie-toi de la femme, disait-il à Olivier, — moitié plaisant, moitié sérieux, — méfie-toi de la femme, mais vingt fois plus de la femme riche. La femme aime l’art, peut-être,

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