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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/154

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LA FIN DU VOYAGE

— Quel bonheur ! Je croyais que c’était Léopold.

Maintenant apitoyée, elle embrassait Olivier, et lui soutenait la tête sur l’oreiller. Avec sa tranquillité habituelle, Aurélie avait défait les vêtements et appliquait un premier pansement. Manousse Heimann se trouvait là fort à propos, avec Canet, son inséparable. Par curiosité, comme Christophe, ils étaient venus regarder la manifestation ; ils avaient assisté à la bagarre et vu tomber Olivier. Canet pleurait comme un veau ; et en même temps, il pensait :

— Que suis-je venu faire dans cette galère ?

Manousse examina le blessé ; tout de suite, il le jugea perdu. Il avait de la sympathie pour Olivier ; mais il n’était pas homme à s’attarder sur ce qu’il ne pouvait changer ; et il ne s’occupa plus de lui, pour songer à Christophe. Il admirait Christophe, tout en le regardant comme un cas pathologique. Il savait ses idées sur la Révolution ; et il voulait l’arracher au danger stupide que Christophe courait pour une cause qui n’était pas la sienne. Le risque de se faire casser la tête dans l’échauffourée n’était pas le seul : si Christophe était pris, tout le désignait à des représailles. On l’en avait prévenu depuis