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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/155

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LE BUISSON ARDENT

longtemps, la police le guettait ; on lui ferait endosser non seulement ses sottises, mais aussi celles des autres. Xavier Bernard, que Manousse venait de rencontrer, rôdant parmi la foule, autant par amusement que par devoir professionnel, lui avait fait signe en passant, et lui avait dit :

— Votre Krafft est idiot. Croiriez-vous qu’il est en train de faire le joli cœur sur la barricade ! Nous ne le raterons pas, cette fois. Nom de Dieu ! Faites-le filer.

Plus facile à dire qu’à faire. Si Christophe venait à savoir qu’Olivier était mourant, il deviendrait fou furieux, il tuerait, il serait tué. Manousse dit à Bernard :

— S’il ne part pas sur-le-champ, il est perdu. Je vais l’enlever.

— Comment ?

— Dans l’auto de Canet, qui est là, au coin de la rue.

— Mais pardon, pardon… dit Canet, suffoqué.

— Tu le mèneras à Laroche, continua Manousse. Vous arriverez à temps pour l’express de Pontarlier. Tu l’emballeras pour la Suisse.

— Il ne voudra jamais.

— Il voudra. Je vais lui dire que Jeannin l’y rejoindra, qu’il est déjà parti.