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208 L’AME ENCHANTÉE

décider… Qu’est-ce que j’ai décidé ?…

Mais le moyen de savoir, quand il y avait ce regard qui vous lampait jusqu’à l’âme ! Penser, comment penser, comment se retrouver !… Elle ne savait plus, elle était perdue… Et, en attendant, c’était si bon de se sentir aimée !… Tout ce qu’elle put faire, — avec un immense effort, — ce fut de demander à Roger de ne pas précipiter le mariage… Et tout de suite, Roger prit un air si déçu, si navré qu’Annette n’eut pas le courage de continuer. Comment faire de la peine à un si cher garçon ? Elle se hâta tendrement de le rassurer, de lui dire qu’elle l’aimait ; faiblement, elle tenta de maintenir son délai, qu’il repoussait avec autant d’énergie que s’il se fût agi de sa vie. Enfin, après un amoureux marchandage des deux côtés, ils consentirent à céder, chacun pour moitié ; et le mariage fut fixé au milieu de l’été.

Après, Roger partit ; et Annette, se regardant penaude dans son miroir, y retrouva ses indécisions… Comment sortir de là ? Elle contempla ses préparatifs de voyage interrompus.

— Bien travaillé ! dit-elle.

Elle haussa les épaules, rit… Que Roger était charmant !… Elle remit dans l’armoire le linge, les objets qu’elle avait sortis pour sa malle…