Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Roger n’était pas pressé. Après plusieurs essais inutiles pour l’amener sur ce terrain dangereux, qu’il semblait fuir, Annette, dans une promenade, interrompant l’entretien, s’arrêta, lui prit les deux mains, et dit :

— Roger, il faut que nous causions.

— Causer ! dit-il en riant. Mais il me semble que nous ne nous en privons pas !

— Non, dit-elle, je n’entends pas nous dire des gentillesses : causer sérieusement.

Il prit tout de suite une mine un peu effrayée.

— N’ayez pas peur, dit-elle. C’est de moi que je voudrais vous parler.

— De vous ? dit-il, en se rassérénant. Alors, ce ne peut être que charmant.

— Attendez ! Attendez ! fit-elle. Quand vous m’aurez entendue, vous ne le direz peut-être plus.

— Que pourriez-vous me dire maintenant qui me surprît ? Depuis tant de jours que nous sommes ensemble, ne nous sommes-nous pas tout dit ?

— Je n’ai guère eu, pour ma part, qu’à dire