234 L’AME ENCHANTEE
amen, fit Annette, en riant. C’est toujours vous qui parlez.
— Oh ! la méchante ! fit Roger. Est-ce que ce n’est pas de vous que je parle ?
— Oui, c’est aussi de moi. Et même, vous parlez pour moi.
— Vous trouvez que je parle tant ? dit Roger naïvement.
Annette se mordit les lèvres.
— Non, non, mon cher Roger, j’aime quand vous parlez. Mais quand vous parlez de moi, je reste à vous écouter ; et c’est si beau, si beau, que je dis : « Ainsi soit-il ! » Mais cela n’est pas ainsi.
— Vous êtes la première femme qui se plaigne que son portrait soit beau.
— J’aimerais mieux qu’il fût moi. Ce n’est pas un beau portrait, Roger, que vous allez accrocher dans votre maison de famille. Je suis une femme vivante, qui a ses volontés, ses passions, ses pensées. Êtes-vous sûr qu’elle pourra entrer chez vous, avec tout son bagage ?
— Je la prends, les yeux fermés.
— Je vous demande de les ouvrir.
— Je vois votre âme limpide, qui se peint sur votre visage.
— Pauvre Roger ! Bon Roger !… Vous ne voulez pas regarder.